To bulle or not to bulle
On s'y attendait plus ou moins, les investisseurs n'ont pas vraiment confiance, pour l'instant en tout cas, en Facebook et sa capacité à générer des revenus. Le titre FB a eu du mal à se maintenir pour son premier jour de cotation Vendredi 18 Mai puis a dévissé complètement le …
On s'y attendait plus ou moins, les investisseurs n'ont pas vraiment confiance, pour l'instant en tout cas, en Facebook et sa capacité à générer des revenus. Le titre FB a eu du mal à se maintenir pour son premier jour de cotation Vendredi 18 Mai puis a dévissé complètement le Lundi 21 en perdant plus de 11 % de sa valeur d'introduction. Cependant, tout n'est pas aussi simple qu'il n'y paraît.
Les libristes crient victoire à coup de « Je vous l'avais bien dit » mais la raison de la déroute du titre au NASDAQ n'est pas uniquement liée à la confiance que peux générer la société de Paolo Alto. En effet, la banque d'investissement Morgan Stanley, qui a géré en grande partie l'introduction en bourse, a joué la gourmande en demandant une introduction du prix du titre à 38USD, après un prix d'achat la veille à 34USD. Las ! Les acheteurs potentiels n'ont pas suivi, estimant ce prix bien trop élevé par rapport à la valeur supposée de Facebook.
L'action s'est difficilement maintenue à 38USD Jeudi grâce aux perfusions de Morgan Stanley, qui a racheté les titres en vente avant la fin de clôture afin de maintenir artificiellement l'action au prix d'introduction, pour la modique somme de 2 milliards de $. Bien sûr, la banque ne pouvait conserver une telle stratégie éternellement et le lendemain, c'était la déroute avec 11 % de perte, alors que les autres valeurs technologique (Google et Apple notamment) se maintenaient ou progressaient.
A l'origine de tout cela, la banque avait décidé d'augmenter le nombre de titre en vente, fournissant à certains de ses investisseurs jusqu'à 40 % de titre en plus que ce qu'ils avaient demandé. La réaction ne s'est donc pas faite attendre et ceux-ci ont rapidement remis en vente les titres en trop, ce qui explique en grande partie un tel fiasco pour l'action FB.
A l'heure où j'écris ces lignes, peu de temps avant la cloture du marché US, le titre perd 2 % alors qu'il en perdait encore 4,5 % il y a moins d'une heure. Cette remontée (ou cette limitation des pertes) est encore sans doute due à des rachats d'urgence par les banques ayant gérées cette introduction en bourse.
Comment alors essayer de comprendre ce que peut valoir l'entreprise Facebook ? Pour l'instant cela est très compliqué car seulement basé sur des spéculations pures. Nous avons l'habitude de voir en Facebook une boite noire ne dévoilant que très peu de chiffre, notamment concernant ses revenus. Mais tout cela va changer car cette introduction en bourse oblige Facebook à publier ses résultats détaillés régulièrement. Nous allons enfin savoir comment Facebook gagne son argent et surtout quelle proportion de cet argent est gagné par la publicité ciblée. C'est seulement à partir de ce moment que nous pourrons juger de la pérénité de son modèle économique.
Seulement voilà, ceux qui lisent ces lignes savent en majorité de quoi est fait l'internet. Les enseignes vont et viennent. Myspace, skyblog ne sont déjà plus que de lointain souvenir. Facebook is so 2007. Valoriser la société à hauteur de 100 milliards de $ (soit un chiffre astronomique de 133$ par utilisateur comme le relève si bien frédéric Bezies)est un pari risqué. Cela nous rappel les heures sombres de l'internet et la bulle du début des années 2000. Plus que les 100 Millards de Facebook, le chiffre qui pour moi représente le plus le risque d'une nouvelle bulle, c'est le rachat, toujours par Facebook, décidemment dans tous les bons coups, d'Instagram pour 1 Millards. Rappelons juste qu'Instagram génère 0€ de chiffre (en dollars, ça fait 0 aussi, ainsi qu'en pesos ou en rouble).
Les trentenaires et les quarantenaires sont actuellement tous ou presque sur Facebook. Leurs enfants devraient en toute logique fuir ce réseau à moins que Zuckerberg trouve une solution miracle pour contourner cette obsolescence programmée. Google a trouvé la solution en se diversifiant à outrance et en proposant une multitude de services extrêmement pratique. Facebook a un autre défi à relever, les plus grands étant de se détacher de son image de réseau social et surtout de capitaliser sur ces utilisateurs.
La pub sur intenet ne fonctionne pas. Ce n'est pas moi qui le dit. Général Motor a en effet décidé de retirer ses publicités de Facebook à cause d'un retour sur investissement trop faible. Pas étonnant. Les utilisateurs ont pris l'habitude de contourner visuellement les publicités, que ce soit avec ou sans filtre publicitaire. D'autant plus que les pubs sont toujours affichées aux mêmes endroits. Quand on fréquente un site 2 ou 3h par jour, on prend vite le reflex de ne pas 'voir' ces emplacements.
Les services gratuits ont donc du mal à trouver des modèles économiques viables sur le long terme. Comme lors de la première bulle. Cette fois ci, les investisseurs sont plus prudent. L'introduction en bourse de Facebook a permis d'ouvrir les yeux sur le risque de cette nouvelle bulle. Plutôt que d'investir des quantités astronomiques d'argent dans des startups, celle-ci sont rachetées par les grands groupes que sont Facebook, Google, Apple, Microsoft, IBM, Intel et compagnie afin d'acquérir leurs technologies.
Le danger actuel se situe peut être plus dans les guerres stériles de brevets, qui font perdre du temps, de l'argent et empêchent les petites startups de se développer sur les idées novatrices. Ceci risque de nécroser le developpement du net et ralentir son developpement. Cette problématique mériterait un article dédié, nous en reparlerons donc dans un prochain billet.